Malawi
L’avocat du président du Malawi Peter Mutharika a dénoncé mercredi la décision de la Cour constitutionnelle d’annuler sa réélection l’an dernier pour fraude, à l’ouverture de l’examen de sa requête en appel en pleine pandémie de coronavirus.
Très attendue dans un pays en ébullition politique permanente depuis le scrutin de mai dernier, l’audience s’est ouverte en matinée, en principe pour deux semaines, devant la Cour suprême d’appel de la capital Lilongwe.
Au pouvoir depuis 2014, M. Mutharika a été réélu en mai 2019 dès le premier tour, crédité par la Commission électorale locale (MEC) de 38,5% des suffrages, contre 35,4% au chef de l’opposition, Lazarus Chakwera.
Mais, saisie par le perdant, la Cour constitutionnelle a annulé en février à la surprise générale la victoire du sortant et ordonné une nouvelle élection, programmée le 2 juillet prochain.
Dès le début de l’audience mercredi, l’avocat du chef de l’Etat a étrillé l’arrêt de la plus haute instance judiciaire du pays.
“Il n’y a aucune preuve que des voix obtenues par un candidat aient été attribuées à un autre”, a plaidé Samuel Tembenu devant les juges.
Dans son arrêt historique, la Cour constitutionnelle avait relevé une série d’irrégularités “généralisées, systématiques et graves” pendant le scrutin, dont un nombre anormalement élevé de procès-verbaux barbouillés de “blanc” à corriger.
“Il y a eu simplement des infractions à la loi électorale”, a estimé M. Tembenu, en jugeant abusif le terme d’irrégularités retenu par la Cour. “Personne ne se satisfait de procès-verbaux recouverts de Tippex”, a-t-il concédé, “mais il faut d’abord examiner si certains votes ont été modifiés”.
‘Erreur judiciaire’
Peter Mutharika avait vivement dénoncé la décision de la Cour, qualifiée de “grave erreur judiciaire et d’attaque portée contre les fondements de la démocratie”.
La présidente de la MEC, Jane Ansah, lui avait emboîté le pas, estimant que les magistrats avaient outrepassé leurs pouvoirs et fondé leur décision sur des éléments qui ne figuraient pas dans le recours en annulation initial de l’opposition.
Son avocat devait lui aussi plaider mercredi.
Ce contentieux électoral n’en finit pas de nourrir les tensions politiques dans le pays.
Des manifestations ponctuées de violents incidents ont secoué le pays pendant plusieurs mois l’an dernier pour obtenir le limogeage des membres de la MEC, considérés par l’opposition et la société civile comme acquis à la cause du régime.
Peter Mutharika a lui refusé de promulguer les lois nécessaires à la tenue du nouveau scrutin et de démettre les membres actuels de la Commission électorale, ainsi que l’exigeait pourtant la Cour constitutionnelle dans son arrêt.
Plusieurs partis d’opposition ont porté plainte en retour contre le chef de l’Etat pour le contraindre à limoger la présidente de la MEC.
L‘élection présidentielle a pour l’heure été maintenue au 2 juillet prochain, malgré le confinement du pays ordonné par M. Mutharika jusqu’au 9 mai pour endiguer la progression de l‘épidémie de coronavirus.
Selon le dernier bilan publié par les autorités, 16 cas de contamination par le Covid-19 ont été officiellement recensés dans le pays, dont deux mortels.
>>> LIRE AUSSI : Coronavirus : le point sur la situation en Afrique Le Malawi est considéré comme l’un des pays les plus démunis de la planète. Selon la Banque mondiale, plus de la moitié (51,5%) de ses 17 millions d’habitants vit sous le seuil de pauvreté. AFP
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